🅝🅔🅦🅢🅛🅔🅣🅣🅔🅡 Février 2024
Face à l’actualité, gardons notre esprit scientifique !
La semaine dernière Le Point et France Info publiaient 2 articles évoquant le suicide de plusieurs adolescents en lien avec la prise d’un traitement antidépresseur. Suite aux interrogations légitimes des patients et à la lecture de ces articles, une mise au point s’impose.
Que nous apprennent ces articles ?
Peu de choses. Clairement à charge, ces deux articles partent d’un drame humain et font ensuite le lien avec la mauvaise prescription des antidépresseurs, leur dangerosité, l’amateurisme des prescripteurs et pour finir la dissimulation de ces risques par les laboratoires pharmaceutiques. Ils ont néanmoins un mérite : nous questionner en tant que professionnel et prescripteur sur ce fameux « risque ».
Alors qu’en est-il vraiment ?
Plusieurs méta-analyses (1-4) ont mis en évidence une association entre prescription d’un antidépresseur et suicidalité accru chez les enfants et adolescents. Le terme suicidalité est source de confusion, il regroupe les pensées et passage à l’acte suicidaire, il ne comprend pas les suicides achevés. Cela a conduit à une mise en garde de la part des autorités sanitaires, FDA, Agence Britannique et Européenne de régulation des médicaments depuis 2003.
Cependant ce risque est faible et les méta analyses (2) retrouvent un taux absolu chez les participants traités par antidépresseurs de 2% contre 1% chez les patients recevant un placebo, donnant un nombre nécessaire pour nuire (NNN) de 112. Aucun lien n’a été établi entre l’usage d’antidépresseurs et les suicides achevés.
La dépression non traitée est la problématique principale augmentant le risque de suicide. Suite aux avertissements de 2003 sur les antidépresseurs chez les jeunes, leur utilisation a baissé, entraînant une hausse de la dépression non traitée et des taux de suicide (5,6).
Le bénéfice des antidépresseurs ISRS dans la dépression modérée à sévère est démontré chez les enfants et adolescent, principalement pour la fluoxétine, avec un nombre nécessaire pour traiter (NNT) variant de 4 à 10 selon les études (5,7-9).
Les avantages des antidépresseurs, notamment la fluoxétine, l’emportent donc sur les risques d’effets indésirables graves (majoration des idées suicidaire et du risque de passage à l’acte) dans la dépression modérée à sévère chez l’enfant et l’adolescent.
Que retenir pour ma pratique
- La dépression de l’enfant et l’adolescent est sous diagnostiquée et sous traitée de part ses signes atypiques (repli, opposition, irritabilité) pouvant être attribué à tort à l’immaturité ou à l’adolescence.
- En cas de suspicion pratiquer une démarche diagnostique similaire à celle que vous mettriez en place pour un adulte, en impliquant les parents
En soins primaires, devant la dépression de l’enfant (à partir de 8 ans) et de l’adolescent :
- La psychothérapie reste le traitement de première intention
- Le traitement antidépresseur est utilisable en seconde intention après échec de 4 à 6 séances de psychothérapie ou en première intention dans les formes sévères
- N’hésitez pas à prescrire si nécessaire les bénéfices dépassent nettement les risques.
- Informez (balance bénéfice/risque) et impliquez le patient et ses parents dans les soins
- Seule la Fluoxetine à l’AMM en France à partir de 8 ans dans la dépression modérée à sévère : commencée à la dose de 10 mg par jour, elle peut être augmentée après une semaine à la dose thérapeutique minimale de 20 mg par jour.
- La surveillance des effets indésirable (EI) doit être hebdomadaire dans les 4 premières semaines (EI classiques des ISRS et présence ou majoration d’idées suicidaires).
- L’efficacité est réévaluée à 4 semaines et la dose doit être majoré en cas de non réponse ou de réponse partielle au traitement, avec des paliers de 20mg toutes les 4 semaines jusqu’à une dose maximale de 60mg/j en maintenant une surveillance hebdomadaire lors des changements de dose.
Vous rencontrez ce genre de situation et vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement de vos prises en charge chez les enfants et les adolescents ? Mg&Psy37 est à votre disposition !
AVIS
Besoin d’un avis psychiatrique/
- Connectez-vous sur OMNIDOC : CHRU de Tours => MG et Psy 37 => Avis Psychiatrique
- Ou par mail avispsy.agglo@chu-tours.
mssante.fr avec les coordonnées du patient et votre question clinique.
PSYCHOTHERAPIE
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REUNION PLURI PRO
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Equipes de Soins Primaires
- Adressez-nous un mail à avispsy.agglo@chu-tours.
mssante.fr - Un psychiatre de Médecine Générale et Psychiatrie 37 organisera un temps d’échange avec vous et votre équipe en distanciel ou en présentiel
Bien confraternellement.
Dr Pierre Yves SARRON, Dr Alice PERRAIN & toute l’équipe de MGPsy37
Pour rappel :
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Lien de connexion à la soirée thématique du 20 février 2024 20h30