Action « jeu en salle d’attente » : prévention autour de l’utilisation des écrans et opportunité de discussion
autour de la parentalité avec les professionnels de santé.
Nous avons fait le constat d’une grande utilisation des smartphones en salle d’attente. Nous aimerions permettre aux familles de mettre à profit ce temps d’attente : profiter d’un moment de jeu partagé avec leur enfant, tout en les amenant à se questionner sur l’utilisation des écrans, et sur les occupations de leurs enfants.
Même si le lien causal entre l’utilisation des écrans et le développement cognitif des enfants n’est pas facile à établir tant les facteurs socio-éducatifs autour de cette problématique sont en interaction (Guez et Ramus, 2019), la société française de pédiatrie a émis des recommandations réunissant 5 messages simples (Picherot et al, 2018):
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comprendre sans diaboliser
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des écrans dans les espaces de vie collective mais pas dans les chambres
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des temps sans aucun écran (matin, repas, sommeil, etc.)
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oser et accompagner la parentalité pour les écrans
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prévenir l’isolement social.
Au-delà de cette thématique des écrans, se trouve la place du jeu dans le développement de l’enfant.
Plusieurs études ont pu montrer le bénéfice du jeu chez l’enfant tout-venant. Les données de littérature tendent également à démontrer un effet significatif du jeu et de la lecture partagés avec le parent afin de favoriser le développement cognitif et/ou affectif chez les enfants ayant un niveau socio-économique faible (Weisleder et al., 2016) ou encore présentant un trouble développemental du langage (Lavelli et al., 2019).
Sur le site de l’association française de pédiatrie ambulatoire, le pédiatre Jacques Langue a écrit un article à destination des parents, dans lequel il explique que « C’est principalement par le jeu que [l’] enfant va apprendre à utiliser toutes ses capacités manuelles, intellectuelles, motrices, affectives, sociales, à s’ouvrir aux autres et à s’affirmer. » Il insiste sur l’importance de la variété des contextes de jeu et de l’importance de jouer juste pour s’amuser, en toute liberté.
Concernant le rôle des professionnels de santé, Mario Gehri (Gehri M, 2017) insiste sur le rôle primordial des médecins généralistes (reconnus comme personnes clés par les familles) pour promouvoir le jeu organisé par les enfants sous supervision des parents, pour détecter les familles à risque et les signes précoces du « manque de jeu ». C’est pourquoi nous voyons notre projet comme un fil entre la salle d’attente et la consultation chez le médecin généraliste ou le pédiatre. Et il est évident que tous les professionnels de santé ont un rôle à jouer : les sage-femmes qui abordent la question de la parentalité avec les futurs parents ou les jeunes parents, les kinésithérapeutes qui reçoivent les femmes en post-partum, …
Des documents existent au sujet de la nécessité du jeu et de la limitation des écrans pour les tout-petits, nous devons nous en servir pour amorcer le dialogue avec les parents. Documents crées par l’association ESOP ( association de prévention en orthophonie de la région Centre Val de Loire)
Pauline Vallet
Orthophoniste – CPTS Nord Touraine
- Gehri M. Le jeu : petite revue de promotion de la santé pour l’enfant et sa famille [Importance of play : little health promoting review for children and their families]. Rev Med Suisse. 2017 Jul 12;13(569):1343-1348. French. PMID: 28699712.
- Guez, A., & Ramus, F. (2019). Les écrans ont-ils un effet causal sur le développement cognitif des enfants?. Revue suisse de pédagogie spécialisée, 14-21.
- Lavelli et al. (2019). Impacts of a shared book‐reading intervention for Italian‐speaking children with developmental language disorder. International Journal of Language & Communication Disorders, 1460-6984.12460.
- Picherot, G., et al. (2018). L’enfant et les écrans: les recommandations du Groupe de pédiatrie générale (Société française de pédiatrie) à destination des pédiatres et des familles. Perfectionnement en Pédiatrie 1.1 : 19-24.
- Weisleder et al. (2016). Promotion of Positive Parenting and Prevention of Socioemotional Disparities. Pediatrics, 137(2), e20153239–e20153239.